Euro/Dollar, pourquoi l’euro devrait continuer de chuter face au dollar ?
Pourquoi l’euro chute-t-il face au dollar ?
- Arbitrages purement financiers : La chute de l’euro est essentiellement liĂ©e aux marchĂ©s financiers, et n’est pas fondĂ© sur les craintes en zone euro, comme l’on peut lire souvent. Sans quoi, l’euro aurait du chuter fortement depuis fĂ©vrier dernier. Or ce n’est pas le cas. Cette chute est essentiellement liĂ©e aux dĂ©calages temporels des politiques monĂ©taires respectives des banques centrales. Ainsi, si la FED pousse ses taux d’intĂ©rĂŞts fortement vers le haut depuis quelques mois, la BCE ne va augmenter, et que très modestement (25 points de base) son taux directeur qu’Ă partir de ce 21 juillet. Ainsi, les investisseurs ont tout avantage Ă se diriger vers les obligations libellĂ©es en dollars, plus rĂ©munĂ©ratrices, qu’en euros. Ainsi, c’est le billet vert amĂ©ricain qui devient attirant pour les investisseurs. "Si on regarde depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, ce n’est pas tant l’euro qui est faible que le dollar qui est fort, traditionnellement parce que le dollar est une valeur refuge quand il y a des conflits internationaux. La preuve de ça, c’est que l’euro a plutĂ´t montĂ© contre d’autres devises comme le Yen japonais ou la livre britannique", explique François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, sur franceinfo mercredi. La remontĂ©e des taux directeurs par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale des États-Unis (FED), a notamment stimulĂ© le dollar.
- Conditions Ă©conomiques en Europe : Cette inflation, qui dĂ©passe par exemple les 20% dans les pays baltes, est liĂ©e principalement aux prix de l’Ă©nergie (Ă©lectricitĂ©, pĂ©trole, gaz...) qui s’envolent avec la guerre. La très forte dĂ©pendance des pays europĂ©ens aux hydrocarbures russes alors que le Kremlin menace de couper son approvisionnement accentue la pression sur leur Ă©conomie et les craintes de rĂ©cession. Pour preuve, l’agence Standard and Poor’s place la croissance de l’Ă©conomie en zone euro dans le secteur privĂ© en juin au plus bas depuis 16 mois.
Cette parité va-t-elle durer ?
La paritĂ© 1 euro = 1 dollar est un seuil psychologique très important. En cas de passage sous ce support, l’euro pourrait continuer de chuter fortement. Personne ne peut lire avec certitude dans le marc de cafĂ©. Toutefois, l’inflation amĂ©ricaine du mois de juin est ressortie Ă 9.1% ! La FED n’aura pas d’autres choix que d’ĂŞtre extrĂŞmement agressive lors de sa prochaine rĂ©union et certains opĂ©rateurs essayent mĂŞme dĂ©jĂ d’intĂ©grer dans les prix une hausse surprise de ses taux directeurs de 100 points de base pour fin juillet. Ă€ l’inverse, la BCE a publiĂ© son planning de hausse de taux d’intĂ©rĂŞt, avec seulement 25 points en juillet et 50 points en septembre, en partant d’un taux nĂ©gatif, alors qu’aux USA les taux ne sont pas descendu sous 0%. Bref, le jour et la nuit. C’est pourquoi, en toute logique, si toutefois une logique existe encore sur les marchĂ©s financiers, l’euro devrait continuer de baisser face au dollar. Pour l’instant, les banques centrales surveillent. Ainsi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau : "Ce n’est pas nous, les banques centrales, qui fixons le taux de change (…) mais nous suivons la situation parce que ça compte sur l’inflation." La politique monĂ©taire mis en place par la Banque centrale europĂ©enne sera dĂ©terminante Ă l’image de ce que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine a mis en place.
Parité Euro/Dollar : quels impacts ?
La principale consĂ©quence, et la plus directe, est que cette chute de l’euro par rapport au dollar alimente l’inflation en particulier sur les prix des hydrocarbures. C’est pourquoi les prix des carburants devrait remonter pour les EuropĂ©ens, mĂŞme avec l’amorce de cette rĂ©cession tant annoncĂ©e. "C’est plutĂ´t une mauvaise nouvelle car cela va nourrir l’inflation", explique sur franceinfo Jean-Paul Pollin, membre du Cercle des Ă©conomistes. Par exemple, le prix du pĂ©trole est fixĂ© en dollar et si la monnaie europĂ©enne baisse par rapport Ă la monnaie amĂ©ricaine, cela veut dire que le prix en euros va ĂŞtre plus Ă©levĂ©." Si l’euro ne remonte pas rapidement, les prix Ă la pompe risquent donc de remonter. Un poids supplĂ©mentaire sur le portefeuille des mĂ©nages alors qu’ils viennent de passer sous les 2 euros le litre rĂ©cemment en France.
Tous les actifs libellés en dollars augmentent...
C’est la mauvaise nouvelle pour les EuropĂ©ens. En effet, le pĂ©trole, principal source de l’inflation subie actuellement est cotĂ© sur les marchĂ©s internationaux en Dollars. IndĂ©pendamment donc de la propre variation de son cours, pour un cours donnĂ©, un acheteur en euros devra dĂ©bourser davantage afin d’acheter un baril de pĂ©trole brut. Les autres matières premières, Ă l’instar du cuivre ou de l’or se nĂ©gocient Ă©galement en dollars.
Pour les fonds d’investissements dont les revenus (distribution) sont versĂ©s en EUR, et crĂ©ditĂ©s sur les comptes titres des investisseurs en USD, les investisseurs concernĂ©s sont Ă©galement pĂ©nalisĂ©s.
Ainsi pour le pouvoir d’achat des EuropĂ©ens, les consĂ©quences sont nĂ©gatives et se font dĂ©jĂ sentir avec l’inflation. Par exemple, un tĂ©lĂ©phone qui vaut 500 dollars pouvait ĂŞtre achetĂ© l’Ă©quivalent de 420 euros il y a un an quand l’euro valait 1,19 dollar. DĂ©sormais, avec la paritĂ©, il vaut donc thĂ©oriquement 500 euros. Une perte nette de 80 euros de pouvoir d’achat. Les produits non-alimentaires pourraient Ă leur tour connaĂ®tre une poussĂ©e inflationniste si l’euro poursuit sa chute. Or c’est le cas des 25 catĂ©gories de produits les plus achetĂ©s en France (informatique, tĂ©lĂ©viseurs, textile, Ă©quipements divers...) sont tous majoritairement importĂ©s. Idem pour le carburant : les achats de pĂ©trole son libellĂ©s en dollars et le dĂ©crochage de l’euro pourrait attĂ©nuer l’impact de la baisse des cours observĂ©e depuis quelques semaines.
En revanche, les investisseurs percevant des revenus en dollar bĂ©nĂ©ficient ainsi de la hausse du dollar face Ă l’euro. Au niveau des sociĂ©tĂ©s, cela fait dire qu’une entreprise comme Airbus, dont les factures sont Ă©mises en dollar, bĂ©nĂ©ficie de cet envolĂ©e du dollar. En revanche, la compagnie aĂ©rienne Air France, dont les coĂ»ts sont en dollars et les revenus majoritairement en euros, est largement pĂ©nalisĂ©e.