Gaspillages / fuites d’eau : 20% de l’eau potable est perdue en France, soit 1 milliard de m3 par an
1 milliard de m3 d’eau potable perdus chaque annĂ©e en France
L’Ă©quivalent de la consommation annuelle de 18 millions d’habitants. Avec un rĂ©seau de canalisation vieillissant, les petites collectivitĂ©s peinent Ă faire face aux fuites. Compte-tenu de la frĂ©quence de vĂ©rification, les canalisations ne sont revues qu’une fois tous les cents ans ! « Demain il n’y aura plus d’eau dans les tuyaux. On a un problème majeur et rĂ©current Ă rĂ©gler. » Les mots forts de l’hydrologue Emma Haziza illustrent son inquiĂ©tude. Alors que plus d’une centaine de communes ont connu des coupures d’eau ces derniers jours en raison de la sĂ©cheresse, un document vient rappeler que près d’un milliard de mÂł d’eau potable sont perdus, chaque annĂ©e, Ă cause de dĂ©fauts des canalisations de distribution.
« Ă€ l’Ă©chelle de la France entière, les pertes annuelles par fuite reprĂ©sentent l’Ă©quivalent de la consommation annuelle d’environ 18 millions d’habitants », rĂ©vèle l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement qui a dressĂ©, au dĂ©but de l’Ă©tĂ©, le panorama des services et de leur performance en 2020. Chaque annĂ©e, les collectivitĂ©s fournissent le « rendement » de leur rĂ©seau pour Ă©tablir ce panorama.
Selon le document, produit notamment par l’Office français de la biodiversitĂ© (OFB), ce sont 937 millions de mÂł, l’Ă©quivalent de 300 000 piscines olympiques, qui disparaissent dans la nature. Sur cinq litres injectĂ©s dans le rĂ©seau, un litre n’arrive jamais au robinet des consommateurs, illustre le rapport. « Cette eau retourne parfois dans les nappes, le reste du temps elle est perdue selon les milieux dans lesquels elle est piĂ©gĂ©e », dĂ©plore l’hydrologue, qui sillonne la France Ă la rencontre des collectivitĂ©s chargĂ©e de la distribution de l’eau.
Le rĂ©seau de canalisation d’eau en France est vĂ©tuste
« Il a Ă©tĂ© construit Ă la hâte, parfois dans les annĂ©es 1950-1960, avec de grandes canalisations toutes droites pour ĂŞtre le plus Ă©conomes. Aujourd’hui, on ne sait pas prĂ©cisĂ©ment oĂą se trouvent nos rĂ©seaux », dĂ©plore FrĂ©dĂ©ric Giraud, directeur du Syndicat d’Eau et d’Assainissement du Velay Rural (SEAVR) en Haute-Loire. Ici, pour ces 80 communes, près de 40 % de l’eau injectĂ©e dans le rĂ©seau n’arrive jamais au robinet des quelque 30 000 habitants. Le dĂ©partement a d’ailleurs l’un des pires rendements de France. « On traite une fuite par jour, c’est une vraie traque », assure-t-il au journaliste du Parisien.
Âge des canalisations, matériaux de celles-ci (liés à la date de mise en place), corrosion, mouvements et évolutions du terrain, défaut des joints… Les causes des ces fuites sont nombreuses. Sauf que les rechercher et mener des réparations ou une modernisation coûte très cher. La France ne renouvellerait que 0,67 % de son réseau par an !
« Nous essayons de faire 1 %, soit plusieurs kilomètres chaque annĂ©e, mais cela veut dire que ces nouvelles canalisations devront tenir un siècle. C’est un chantier qui se compte en millions d’euros. Si on fait plus de travaux, on doit augmenter le prix pour les administrĂ©s », expose Jean-Pierre Cazalère, maire d’Abos (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques) et prĂ©sident du Syndicat mixte d’eau et d’assainissement Gave et BaĂŻse. Impuissant et piĂ©gĂ©, lui aussi constate son taux de rendement d’Ă peine 60 %.
Article à retrouver dans son intégralité sur Le Parisien, édition du 21 août.