Les appels à la grève se multiplient, SNCF, TotalEnergies, Cetelem... Hausses de salaires insuffisantes pour contrer l’augmentation du coût de la vie

Inflation de plus de 5%, hausses de salaire de moins de 3% en moyenne

La baisse du pouvoir d’achat est bien plus forte que celle estimée par les institutions. Alors que ces dernières indiquent une perte de pouvoir d’achat limité à 1%, la hausse des prix à la consommation, sur une année, dépasse les 5%. D’un autre côté, les hausses de salaires, hormis dans certaines branches, sont relativement modestes.


Ainsi, au premier trimestre 2022, l’indice du coût du travail (ICT) – salaires seuls de l’ensemble du secteur marchand non agricole (hors services aux ménages) augmente de 2,4 % en glissement trimestriel, après une hausse de +0,6 % le trimestre précédent (en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables). Sur un an, l’ICT – salaires seuls accélère nettement : +2,8 % par rapport au premier trimestre 2021, après +0,4 % le trimestre précédent.

Indice du coût du travail, salaires seuls (c) INSEE

Grèves SNCF

La SNCF invite les voyageurs à "reporter dans la mesure du possible leur trajet et à privilégier le télétravail", vendredi 24 juin. En cause : un mouvement de grève des conducteurs de la SNCF, qui dénoncent de nombreux changements de plannings qui surviennent à la dernière minute. Le trafic sera ainsi très perturbé sur au moins quatre lignes du Transilien en Ile-de-France. Les lignes H, J, L et R seront particulièrement perturbées avec un train sur trois circulant seulement en moyenne, a annoncé la SNCF mercredi. Sur certaines branches des lignes H et R, des bus de remplacement viendront même se substituer aux trains. Toutefois, le RER B fonctionnera quasi normalement pour desservir le Stade de France, où se tiendra la finale du Top 14 de rugby. La RATP, elle aussi touchée par un mouvement de grève mais moins suivi, a assuré qu’il y aurait "un renfort d’offre pour le match entre 19 heures et 20h30". Concernant le RER, la ligne la plus perturbée sera la D (une des lignes qui dessert le Stade de France), avec un train sur deux aux heures de pointe et un sur trois aux heures creuses. L’interconnexion entre Gare de Lyon et Gare du Nord ne sera pas assurée ce qui signifie qu’il n’y aura "pas de train entre ces deux gares", a précisé la SNCF dans un communiqué. Quatre trains sur cinq circuleront en moyenne sur le RER C, le RER B circulera quasiment normalement et le service sera normal sur le RER E.

Grèves chez TotalEnergies

La CGT de TotalEnergies a maintenu son appel à une journée de grève nationale pour les salaires, vendredi, dans l’ensemble du groupe et de ses filiales en France, en raison de l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat, a-t-elle indiqué jeudi. Les salariés de la raffinerie de Normandie, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), de la raffinerie de Feyzin (Rhône), de la bio-raffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône) et du dépôt de l’ancienne raffinerie des Flandres, près de Dunkerque (Nord) ont prévu de se mobiliser, selon la CGT. Le syndicat prévoit « qu’aucun produit n’entrera ou ne sortira pendant 24 heures de ces sites » où les niveaux de production seront au minimum, selon Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité d’entreprise européen TotalEnergies SE, qui prévoit également des débrayages à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), Plus proche du public, le réseau Argedis, filiale à 100% du groupe, qui gère 185 stations-service TotalEnergies dans toute la France, sur les voies rapides et en zones péri-urbaines, où sont employés quelque 3200 salariés, « les plus mal payés de la Compagnie TotalEnergies », selon la CGT.


Une donnée qui, malgré « une très forte adhésion », complique leur participation au mouvement, selon la CGT, compte tenu des conséquences financières, soit notamment la perte d’une prime d’assiduité de 220 euros. Un rassemblement de grévistes est toutefois prévu vendredi pour bloquer une station dans la région Auvergne/Rhône-Alpes. « 80% des salariés du collège employés (du réseau Argedis) perçoivent moins de 1.500 euros et sont éligibles à la prime d’activité », dénonce le syndicat, qui s’indigne de ce versement d’argent public, alors que le groupe « engrange des bénéfices à outrance ». TotalEnergies a profité, comme les autres géants du secteur, de la flambée des cours du pétrole : au premier trimestre 2022, le groupe a enregistré un bénéfice net de 4,9 milliards de dollars, malgré une dépréciation d’actifs de 4,1 milliards liée à la Russie.

Grogne dans le secteur bancaire

L’intersyndicale de la marque de crédit à la consommation cetelem appellait à une grève jeudi 16 juin dernnier pour demander notamment une augmentation générale des salaires. Il s’agit du premier appel à la grève cette année au sein de BNP Personal Finance, filiale de BNP Paribas qui possède la marque Cetelem. "Le dialogue social se tend, ça devient difficile avec la direction" explique Louis Grabey de la CFTC. Les négociations annuelles obligatoires (NAO) au sein de chaque entreprise du secteur bancaire avaient modérément convaincu les syndicats en début d’année : hausse de salaires de 0,6% cette année pour BNP Paribas, +1% pour le Crédit Mutuel et HSBC, en passant par +0,7% pour Société Générale et +0,8% pour BPCE.