Les banques centrales en pertes financières, un souci ?
Perte de 12,4 milliards d’euros
Ce n’est pas un souci, ni une crise et encore moins une surprise. La Banque de France a du puiser dans ses rĂ©serves pour couvrir une perte de 12 milliards d’euros. La consĂ©quence directe sera que l’Etat ne percevra aucun dividende au titre de l’annĂ©e 2023.
Hausse des taux
La Banque de France a Ă©videmment publiĂ© un rĂ©sultat net Ă l’Ă©quilibre pour 2023. Mais, pour ce faire, elle a du Ă©ponger pas moins de 12,4 milliards d’euros. Une banque centrale ne peut pas vĂ©ritablement ĂŞtre en faillite, puisque l’Ă©mission de monnaie lui permet de faire face. Par ailleurs, ce montant de 12,4 milliards reste relativement faible pour la Banque de France. Son Fonds pour risques gĂ©nĂ©raux (FRG) lui permet de faire face pour 2023. Mais la marge de manĹ“uvre pour 2024 est faible (cf plus bas).
Hausse de la rémunération versée aux banques
Après des annĂ©es Ă engranger d’importants revenus Ă la faveur d’une politique monĂ©taire très accommodante, la tendance s’est inversĂ©e en 2022. Mais au terme de cette annĂ©e de transition, la Banque de France avait tout de mĂŞme dĂ©gagĂ© un bĂ©nĂ©fice opĂ©rationnel de 4,4 milliards d’euros. Un an plus tard, la hausse des taux a fait grimper en flèche la rĂ©munĂ©ration versĂ©e aux banques lorsqu’elles confient leurs dĂ©pĂ´ts Ă la Banque de France.
Taux fixes directeurs de la BCE (au 19 mars 2024) | Taux |
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Taux de refinancement | 4.50 % |
Taux de dépôt au jour le jour | 4.00 % |
Taux de prĂŞt marginal au jour le jour | 4.75 % |
Le taux de dĂ©pĂ´t - qui est l’un des trois taux directeurs de la zone euro - est grimpĂ© de -0,50 %, mi-2022, Ă 2 % dĂ©but 2023, puis 4 % Ă son pic de l’actuel cycle monĂ©taire en septembre dernier. Et la liquiditĂ© excĂ©dentaire reste importante. Elle Ă©tait estimĂ©e Ă 3.509 milliards d’euros Ă fin 2023 pour l’Eurosystème.
« Nous nous engageons Ă ne pas faire appel Ă la recapitalisation et Ă rester en capitaux positifs, en mobilisant les rĂ©serves constituĂ©es au cours des exercices antĂ©rieurs », a dĂ©clarĂ© François Villeroy de Galhau. Recapitaliser signifierait faire appel Ă l’Etat, c’est-Ă -dire aux contribuables, pour renflouer les caisses.
Plus que 3,9 milliards de marge sur le fonds
Mais après cette ponction, le FRG a sĂ©rieusement fondu. En 2023, la Banque de France avait dĂ©cidĂ© de ne pas verser de dividende Ă l’Etat et de mettre ses 4,4 milliards de bĂ©nĂ©fices en rĂ©serve. Le FRG avait alors gonflĂ© Ă plus de 16 milliards d’euros. Aujourd’hui, il n’a plus que 3,9 milliards d’euros, son Ă©tiage le plus bas depuis 2012. « Nous pourrons mettre Ă contribution d’autres types de rĂ©serves comme la rĂ©serve de rĂ©Ă©valuation des rĂ©serves de change, qui s’Ă©lève Ă 18 milliards d’euros », a avancĂ© Denis Beau.
Les banques centrales en pertes financières
Banques centrales | Pertes en 2023 |
---|---|
Allemagne | -21 600 M € |
BCE | -8 000 M € |
France | -12 400 M € |
Pays-bas | -3 500 M € |
USA | -114 300 M $ |
M = millions |
La Banque de France n’est pas la seule Ă ĂŞtre dans le rouge. La BCE est en pertes de 1,27 milliard d’euros (près de 8 milliards avant imputation sur les provisions). La Bundesbank et la Banque des Pays-Bas apparaissent, comme la Banque de France, Ă l’Ă©quilibre mais leurs dĂ©ficits opĂ©rationnels s’Ă©lèvent Ă 21,6 et 3,5 milliards. Quant Ă la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine, elle a annoncĂ© le 12 janvier dernier la plus importante perte opĂ©rationnelle de ses 110 ans d’histoire, Ă 114,3 milliards de dollars.